[Critique] La Loi du marché, confrontation sociale

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Présenté à Cannes en 2015 et en lice pour les prochains Césars, La Loi du marché a fait beaucoup de chemin. Son histoire n’a en effet pas de quoi laisser indifférent tant elle peut nous parler. Thierry, 51 ans, père d’un garçon handicapé mental est au chômage après le plan de licenciement économique de son entreprise. A nouveau sur le marché de l’emploi, il accumule les rendez-vous inefficace à Pôle Emploi et les formations inutiles, tout ça pour passer un entretien d’embauche sans suite par Skype.

Quête sans espoir

Autrement dit, c’est le parcours du combattant pour Thierry qui a beau mettre tous les moyens de son côté. Stéphane Brizé montre avec attention ce passage semé d’embuche pour mieux dénoncer les défaillances existantes. Finissant par trouver un poste de vigile dans une grande surface, une nouvelle analyse cette fois-ci du monde du travail vu de l’intérieur va commencer. Sa nouvelle fonction le met dans une position inconfortable. En plus de surveiller les clients, les employés font également partie de ses cibles potentielles. Une méfiance qui l’oblige à en dénoncer certains pour des délits insignifiants. Ces pratiques existant dans la réalité, le film confronte le spectateur directement aux faits. Collant au plus près de la vraie vie, l’aspect documentaire accentue la frontière déjà floue entre fiction et réalité. La part de réalisme se prévaut aussi par les non-professionnels jouant leur propre rôle au côté de Vincent Lindon, seul acteur présent dans le film.

La caméra colle au visage de Vincent Lindon. Laissant transparaître sa tension, son inquiétude, son envie, sa détresse, ses désirs au gré des épreuves. Un rapport corps à corps avec l’image, rude et impassible, sans filtre pour un message direct cherchant à réveiller les esprits. Car le spectateur s’immerge complètement. Il n’est pas là pour simplement regarder mais agir. Le film ne doit pas laisser indifférent.

La Loi du marché n’est pas seulement voué à donner une réflexion sur son sujet et à établir des conclusions. Mais à faire réfléchir, affichant les pratiques humiliantes du système de ces entreprises de façon brutale, provoquant inévitablement une réaction. L’aspect froid du film ne fait que de renforcer la dureté de la réalité de ces employés et le rapport de confrontation avec les supérieurs hiérarchiques. La facilité avec laquelle ces pratiques de surveillance entre employés se sont banalisées laisse transparaître les maux  d’une société n’obéissant qu’à la loi du marché.

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De Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon, Karine de Mirbeck,…  France, 2015, 1h33

Sortie en DVD le 7 octobre 2015, édité par Diaphana

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[Critique] Jack, l’enfant adulte

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Dès le départ, le film Jack impose son rythme. On y voit un jeune garçon très pressé, organisé, et surtout présent sur tous les fronts. Que ce soit pour préparer le petit-déjeuner à son petit frère, pour lui faire prendre son bain, s’occuper du linge sale ou de la cuisine. Ce quotidien effréné fait alors ressentir l’absence d’un personnage. Celle de la mère.

Quand Jack l’a retrouve au début du film, c’est au parc entouré de ses amis. Par son attitude, on pourrait très bien croire qu’elle n’est pas sa mère. Et pourtant. Bien qu’inconsciente du rôle qu’elle doit jouer auprès de ses deux enfants, la jeune Sanna montre son affection envers eux. Débrouillard et livré à lui-même, Jack reste malgré tout très attaché à sa mère, au point de jeter les vêtements d’une de ses conquêtes pour qu’elle reste avec lui. Ce geste est un signe pour montrer qu’il existe et qu’il voudrait que sa mère s’occupe plus de lui, car ce n’est encore qu’un enfant. En effet, à force de prendre à la fois, la place de la mère, du père et du frère, toutes les responsabilités reposent sur Jack. Au point que même les adultes le considèrent comme un adulte.

Bien que l’histoire soit dramatique, Jack évite de trop sombrer dans les clichés. En montrant les choses simplement, le film possède un côté brut, émouvant, qui ne va pas dans le pathos. Les images s’expriment par elles-mêmes et les dialogues parfois absent permettent de délivrer le message plus efficacement. La caméra bouge au rythme des mouvements de Jack, recherchant sa mère pendant toute la durée du film qui s’est enfuit. Résultat, une dynamique s’installe, évitant les longueurs et l’ennui.

Drame de Edward Berger, avec Ivo Pietzcker, Georg Arms, Luise Heyer,…Allemagne, 2015, 1h43

 Sortie en DVD le 07 octobre 2015, Diaphana

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[Critique] Blind, imaginaire aveuglant

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Pour son premier film, le réalisateur norvégien Eskil Vogt a choisi un sujet rarement traité au cinéma : la cécité. Dès les premiers instants, nous sommes mis en condition à travers la vision tachetée de noire d’Ingrid. Vivant recluse chez elle depuis qu’elle a perdu la vue, cette ancienne professeur laisse libre court à son imagination pour s’offrir un monde visuel. C’est un mélange de fiction et réalité qui va animer le film. Quitte à se retrouver perdu.

C’est bien connu, la perte d’un sens éveil d’avantage les autres. Eskil Vogt va utiliser le toucher et l’ouïe pour relier Ingrid au monde extérieur. Enfin du moins sur l’environnement de son appartement, passant la plupart de son temps assise dans son fauteuil devant une grande fenêtre à côté de sa petite radio. Sans interaction sociale et avec un mari trop absent, elle va donc imaginer ce qu’elle pourrait voir et s’avérera paradoxalement être une fine observatrice. Ses pensées retranscrites en voix off vont nous plonger au cœur de ses réflexions et nous rendre proche d’elle.

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Son aveuglement qui aurait pu représenter un rempart devient alors le lien qui nous uni à elle en laissant son être intérieur transparaître. Pour occuper ses journées, Ingrid écrit alors sur son ordinateur des histoires sortant tout droit de son esprit avec pour personnages ses voisins ou son mari avec qui elle s’inventera un double. Et c’est là que le problème du film arrive. La séparation entre la réalité et la fiction est très confuse et nous ne savons pas vraiment où nous situer. Un cafouillage perturbant qui empêche de suivre avec facilité le film et qui focalise notre esprit sur ce soucis de compréhension. En passant d’une scène à une autre, Eskil Vogt rend floue le scénario.

Au delà de la situation d’Ingrid, Blind aborde aussi la solitude à travers ses autres personnages. Le rapport à l’autre est toutefois exprimé de façon très sensorielle. Quand Ingrid imagine son mari Morten rencontrer une femme par le biais d’internet ou un homme seul admirant en cachette sa voisine, c’est pour revivre les sensations qu’elle n’a plu. Chaque protagoniste est une part d’Ingrid. Les nouvelles technologies sont là pour combler le vide de leur vie et leur permettent de vivre de nouvelles émotions. Blind n’est donc pas un film qui se réduit à la cécité mais qui utilise ce prétexte pour mettre en interaction ce que vis Ingrid avec la place des individus au sein d’une société de plus en plus dématérialisé. L’ambiance froide ressenti correspond au manque de chaleur humaine vécu par les personnages, qu’elle soit psychique ou physique.

Blind est intéressant par son thème et sa façon d’aborder les choses mais déstabilise à cause d’un enchainement maladroit des scènes. La tentative d’analyse des rapports humains à l’ère de la société connectée était bien trouvée mais n’est cependant pas assez approfondie. Un premier film aux lacunes visibles mais prometteur.

Drame, Thriller de Eskil Vogt, avec Ellen Dorrit Petersen, Henrik Rafaelsen, Vera Vitali,… Norvège, 2015, 1h31

Sortie en DVD le 13 octobre 2015, KMBO éditions (page Facebook)

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[Critique] Le Tout Nouveau Testament, une mélancolie poétique

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Et si Dieu n’était pas vraiment cette figure divine que l’on pensait être ? Emmitouflé de sa vieille robe de chambre, c’est dans son petit appartement bruxellois que Dieu s’adonne à son activité préférée : pourrir la vie des gens. Derrière son ordinateur, dont l’accès est bien évidemment interdit à sa femme déesse (Yolande Moreau) qu’il maltraite et sa fille Ea (Pili Groyne), il écrit les lois les plus absurdes et terrifiantes qui soit. Pour se venger de ces actes, Ea décide d’envoyer les dates de décès au monde entier. Dieu va alors perdre contrôle mais ces nouvelles envoyées par SMS vont surtout faire surgir une question fondamentale qu’aborde le film à propos de ce que l’on veut faire de notre vie. Et pour mettre fin à toute la misère instaurée par son père, Ea, sous les conseils avisés de son frère J-C, représenté en statuette animée, va se rendre sur Terre. Elle va alors partir à la recherche de six apôtres qui suivront les douze de J-C afin d’écrire le tout nouveau testament.

Alors qu’à la vue de la bande-annonce on pouvait s’attendre à une comédie loufoque, l’atmosphère du Tout Nouveau Testament se révèle également être plus sombre qu’il n’y paraît. L’originalité de ce film réside dans son fil conducteur sur la façon dont on vivrait si l’on connaissait la date de notre fin de vie. Cette réflexion mise en scène à travers les histoires des différents apôtres apporte une plus grande dimension au film. Son univers onirique, poétique, confronté à la brutalité de la réalité, est justement dosé avec un humour noir qui peut faire rire ou toucher. Le style du film, très soigné, renforce chaque histoire présenté et défini un univers à part. Les personnages, tous particulier à leur façon, se dévoilent les uns après les autres avec fluidité. Le scénario s’enchaine facilement et on ne tombe pas dans les longueurs et les éparpillements.  Il est facile de s’y retrouver auprès des personnages malgré qu’ils peuvent être marginal. Le réalisateur fait passer à travers eux, des émotions universelles, des réactions humaines et des idées sur notre façon de vivre.

Le Tout Nouveau Testament, derrière un Bruxelles grisâtre et une ambiance mélancolique, tente d’apporter de la lumière par ses personnages et en véhiculant cette envie de vivre. Un jolie film, touchant et drôle, qui ne passe pas inaperçu. Et c’est peut-être pour cela que le film représentera le Belgique pour l’Oscar du meilleur film étranger en 2016 !

De Jaco Van Dormael, avec Pili Groyne, Benoît Poelvoorde, Yolande Moreau, Catherine Deneuve, François Damien,… 2015, Belgique, 1h53

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[Critique] Natür Therapy, introspection nordique

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Désireux de quitter le temps d’un week-end la routine habituelle des moments en famille et entre amis, Martin décide d’aller se ressourcer dans la nature. Second film d’Ole Giæver (acteur et scénariste aussi), Natür Therapy nous plonge encore une fois au milieu des paysages nordiques mais cette fois-ci de façon plus intimiste.

La quasi-totalité du film ne tourne qu’autour d’un seul personnage qui nous fait part de ses pensées. Des plus banales aux plus osées, ses réflexions que l’on entend à chaque instant centralisent au plus près le personnage au sein du film. Si cette évasion spirituelle peut rappeler celle de Into the Wild, elle n’est cependant pas la même. Ne s’épanouissant plus dans sa vie, Martin se remet en question et fait bouillonner ses pensées. Tellement, que même les grands paysages n’arrivent pas à nous donner ce vrai sentiment d’évasion. Le film se renferme trop sur son personnage et ne communique pas assez avec son décor pourtant mis en valeur et très présent. Ce voyage initiatique au fond de la nature est une idée de départ intéressante mais ne décolle cependant pas vraiment. Les déambulations autant physiques que mentales de Martin restent trop renfermées. La caméra qui suit au plus près le héros ne nous permet également pas de nous en détacher, si ce n’est qu’en elle s’en détache, l’isole.

Se couper de l’agitation constante, revenir sur son passé, envisager son futur et se questionner sur son mode de vie, tels sont les sujets pouvant toucher chacun d’entre nous que le film aborde. Seulement, bien que l’initiative soit bonne avec bon nombre de propos enrichissant, réussir à rendre attractif une introspection mentale est compliquée. Le rythme très lent du film, suivant pas à pas Martin, commence de plus à nous faire perdre patience. Tout comme le personnage cherchant un sens à sa vie sans trop savoir où aller, nous tournons en rond au gré de ses réflexions. Et c’est ce que la fin de Natür Therapy confirmera lorsque Martin retourne à la civilisation, n’ayant pas réussi à sortir véritablement de son cercle quotidien.

Comédie dramatique de Ole Giæver, avec Ole Giæver, Rebekka Nystabakk, Marte Magnusdotter Solem,... Norvège, 2015, 1h20 
Critique en partenariat avec Epicentre Films, distributeur. 

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[Critique] American Ultra, comédie cool et décontractée

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L’allure complètement stone de Mike Howell (Jesse Eisenberg) est loin de faire douter qu’il est un ancien agent secret. Tellement loin qu’il ne le sait même plus (sa mémoire a été effacée). Alors qu’il mène sa petite vie dans une ville (un peu vide) des Etats-Unis, lui et sa copine Phoebe (Kristen Stewart) roucoulent paisiblement en fumant des joints jusqu’à ce que le gouvernement américain ne vienne tenter de le faire disparaître. Face à l’effarement et l’incrédulité de Mike lorsqu’il découvre ses capacités, les scènes d’actions complètements absurdes sont de mise.

La bande-annonce nous laissait envisager un film délirant et bien barré, sans aucun répit.. Et bien ce n’est pas tout à fait ça ! Même si l’histoire semblait bien partie pour cela, le côté déjanté du premier film de Nima Nourizadeh, Projet X, semble n’avoir déteint qu’à moitié. Cette comédie d’action lorgne souvent sur le romantisme et sa coolitude est malheureusement faussé par un sérieux manque de rythme. Et cette absence se ressent. Dommage, car le film est plutôt efficace en lui-même.

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Décalé et fun, quelques scènes notamment celle où Mike découvre ses capacités sont bien conçues. La violence gratuite, au cœur des scènes d’action, n’est pas très démonstrative et ne va pas jusqu’au bout. Il y manque clairement l’énergie et l’entrain du très réussi Kingsman : services secrets, sortie en début d’année. Manquant d’originalité, les plans ne détonnent pas et le montage n’aide pas à rendre l’action plus efficace. La situation comique qui devrait se produire lors des scènes d’actions avec Mike Howell ne savant pas se contrôler n’a pas vraiment lieu à cause de séquences précipitées et peu recherchées.

Heureusement, il y a un point fort indéniable à American Ultra : son casting. Le duo Jesse Eisenberg/Kristen Stewart que l’on avait déjà pu voir dans le sympathique Adventureland : un job d’été à éviter est un vrai atout. L’alchimie fonctionne parfaitement entre eux deux qui savent décidément faire le grand écart en matière de films.

Le scénario ainsi que son casting avait de quoi nous ravir mais American Ultra ne joue pas ses cartes à fond pour marquer les esprits.

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De Nima Nourizadeh, avec Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Topher Grace, Connie Britton,... 2015,1h36

[Critique en Série] Humans, les robots : futur de l’humanité ?

 

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En général, les remakes américains de séries étrangères ne sont pas toujours de vraie réussite. Ce qui peut-être compréhensible. Difficile de faire mieux qu’une série qui a déjà mis tout le monde d’accord, et qui de plus a développé sa propre identité à travers la culture de son pays notamment. Alors quand les américains s’en emparent, l’inquiétude est souvent de mise. La saveur qui avait fait le charme et le goût de la série s’avère généralement un peu plus fade. Mais bon, heureusement, il arrive que ce ne soit pas toujours le cas.

En juin dernier, la chaine anglaise Channel 4 en association avec la chaine américaine AMC a sortie sur nos écrans Humans, le remake de la série suédoise Real Humans (Äkta Människor) de Lars Lundström. N’ayant durée que 2 saisons, son univers clinique avait pourtant séduit un grand nombre de fans à travers le monde. En France, on avait pu la découvrir sur Arte. Suite à son succès, l’idée d’un remake était donc tout trouvé.

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Humans a cette qualité de nous faire rentrer dans son univers dès les premières minutes. Autant dire que c’est bien plus agréable que d’attendre plusieurs épisodes pour commencer à apprécier la série. Elle captive directement, instaure le climat facilement et transmet un intérêt pour les personnages. Au départ, Humans n’est pas doté d’énormément d’action mais se dynamise par la multiplicité de ses histoires et de leurs personnages. Chacun apporte une touche différente et une vision par rapport à la présence des « synths », ce qui rend la série plus riche. L’idée de confronter plusieurs types de situations qui s’imbriquent les unes dans les autres au fur et à mesure est particulièrement efficace et accrocheuse. Cela permet d’éviter à la série de s’essouffler et d’avoir de multiples manières de rebondir.

Au sein de la famille Hawkins, qui vient d’accueillir le synth Anita, on est dans l’approche qui peut nous parler le plus. La cohabitation entre les humains et les synths est abordé ici. En effet, tout comme les personnages, nous découvrons ces étranges robots et tentons de les comprendre. La part de mystère à son importance dans la série puisque nous verrons qu’Anita s’avérait être bien plus qu’un simple robot. Et elle ne serait d’ailleurs pas la seule à pouvoir penser ou ressentir des émotions. D’autres synths ont été enlevés pour ces raisons et réinitialisés avant d’atterrir dans une nouvelle famille. Leo qui les protégeait se met ensuite à leur recherche. Nous entrons après dans un climat sous tension, se rapprochant plus du thriller où les synths deviennent l’objet de nombreuses inquiétudes.

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Initialement conçu pour aider dans les tâches ménagères entre autre, le fait qu’ils puissent devenir l’égal de l’être humain renverserait le fonctionnement de la société. La méfiance règne partout, tant envers les humains que les synths et monte en crescendo au fil des épisodes. Ce qui apporte d’avantage d’entrain. Lorsque la véritable identité de Anita (Maia en réalité) se dévoile, le rythme devient plus soutenu et nous sentons vraiment que les vrais enjeux apparaissent. La relation de la famille Hawkins avec les synths se développent d’une très belle façon et les personnages s’affirment d’avantage. Le final de la première saison a été très réussi, haletant, il laisse reposer le mystère quant à la suite des évènements. Il ne reste plus qu’à attendre une saison 2.

Plus réaliste que l’original suédois, Humans est donc une bonne surprise par son scénario prenant, sa réalisation agréable au regard et ses acteurs, tous convaincant. Les nombreuses questions qu’elle aborde à propos de la présence des synths par rapport au futur de l’humanité ou du comportement à adopter en face de ces êtres pouvant avoir une conscience lui permettent d’explorer intelligemment le thème des robots.

La sélection ciné de juillet

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VICTORIA

La nuit de Victoria, jeune espagnole arrivée depuis peu à Berlin va durer plus longtemps que prévu. Après sa sortie de boîte de nuit, toujours dans l’esprit de la fête, Sonne et sa bande vont l’emporter dans une virée nocturne qui va déraper peu à peu. Le film a reçu de nombreux éloges que ce soit de la part de la critique ou des spectateurs. Sa particularité qui est d’être tourné en un seul plan-séquence de 2h15 et sa force d’immersion en temps réel lui a déjà permit de remporter l’Ours d’argent à Berlin et le grand prix du Festival du film policier de Beaune. Victoria est sans doute l’un des meilleurs films du mois. Sortie le 1er Juillet 2015.

MICROBE ET GASOIL

Deux collégiens un peu baroudeur partent à l’aventure pour fuir le train-train quotidien. Imaginatif et bricoleur, c’est à l’aide de leur voiture-maison et beaucoup de préparatif que Microbe et Gasoil vont nous emmener sur leur route. Le nouveau Michel Gondry reflète bien le cinéaste avec son univers poétique et réel, toujours avec du fait-main. Il filme tout en tendresse l’amitié entre ces deux camarades de classe considérés comme « différent » qui va construire leur personnalité. Une rêverie nostalgique et décalée, en salle le 8 juillet 2015.

MAGIC MIKE XXL

Le film se situe trois ans après le premier volet de Steven Soderbergh, alors que Mike a déjà renoncé à son passé de strip-teaseur, ses anciens coéquipiers souhaiteraient en faire de même. Mais avant de partir, ils  veulent briller une dernière dans un spectacle au côté de Magic Mike. Si le réalisateur n’est plus le même, Soderbergh reste producteur exécutif dans cette suite toujours divertissante avec ses shows à l’américaine. Cependant, bien que ce second volet soit « XXL », battra t-il le charme du premier ? Réponse le 8 juillet 2015.

ANT-MAN

Le super héros du mois, c’est Ant-Man. Incarné par Paul Rudd, l’homme-fourmi est le nouveau poulain de l’univers Marvel. Avant sa transformation, Scott Lang était cambrioleur, mais c’est cette-fois ci c’est sous un autre costume qu’il va devoir mettre en place un cambriolage afin de sauver le monde et protéger son secret en aidant son mentor, le docteur Hank Pym. Plus fort que Spider-Man ? En salle le 15 juillet 2015.

[Portrait] Alicia Vikander, une suédoise à Hollywood

Son visage ne vous dit peut-être encore rien, mais cela sans doute de courte durée. En étant à l’affiche de pas moins de 8 films cette année, Alicia Vikander est devenue une actrice montante. Force tranquille, sa détermination semble payer.

Alors que la suédoise se destinait au départ à une carrière de danseuse(elle aura tout de même intégrée le Ballet royal suédois de Stockholm pendant 3 ans !), c’est en 2007 que le cinéma entra dans sa vie par un court-métrage. Mais c’est un peu plus tard, en 2011, qu’Alicia Vikander se fait connaître dans Pure, de Lisa Langseth en femme amoureuse d’un chef d’orchestre manipulateur.

Et parce qu’elle ne fait pas les choses à moitié, son rôle lui valu un Guldbagge Award, prix de la meilleure actrice, ce qui équivaut au prix des Césars. Rien que ça donc pour un début prometteur. Son film suivant Royal Affair, confirmera son talent une nouvelle fois lorsqu’elle remporta en 2011 le prix Shooting Stars lors du Festival de Berlin. Une vraie winneuse qui aura du apprendre le danois pour endosser le rôle de la reine du Danemark au côté de Mads Mikkelsen. Grâce à cette force de caractère, le réalisateur Joe Wright qui l’a repère dans Pure, décide de la prendre dans son film Anna Karénine. Ayant du apprendre (encore!) à parler l’anglais avec l’accent britannique pour jouer l’immature Kitty, elle ne fut pas entourée par n’importe qui : Keira Knightley, Jude Law, Aaron Taylor-Jonhson ou encore Domnhmall Glesson.

Après l’Angleterre, viens l’Amérique. Toujours bien accompagnée, cette fois-ci avec Julianne Moore et Jeff Bridge dans Le septième fils de Sergei Bodrov, Alicia Vikander continue de grimper les échelons. Cependant, le film ne rencontre pas un immense succès et les critiques ne sont guère concluante. Tout comme avec Le Cinquième Pouvoir ou elle fit apparition et qui eu la même réception. Mais alors, pourquoi est-elle d’un coup très demandée ? Son jeu qui capte l’écran, sa discipline et son allure gracieuse et mystérieuse semble avoir conquis bon nombre de réalisateurs et de spectateurs. Son passé de danseuse professionnelle lui a apporté cette force qui la pousse a se dépasser et cette posture à la fois fragile mais solide qui tente de nous déstabiliser à chacun de ses rôles.

 Mais la véritable éclosion d’Alicia Vikander démarre bien en 2015 où tout arrive décidément très vite. Remarquée dans le très réussi Ex_Machina d’Alex Garland, elle aura fascinée les spectateurs en femme robot mystérieuse qui n’aura pas manquer de nous surprendre lors du dénouement final. Que ce soit dans un film d’espionnage, Agents très spéciaux – Code U.N.C.L.E, dans une comédie culinaire, Adam Jones, ou dans un drame au temps de la guerre, Mémoire de jeunesse, l’actrice fera surtout l’affiche en septembre. Dans le premier film cité, réalisé par Guy Ritchie et se déroulant au début des années 60, on l’a verra en fille d’un scientifique allemand dont deux agents (Henry Cavill et Armie Hammer) vont la rechercher activement car elle sera la seule à leur permettre d’accomplir leur mission : empêcher une organisation criminelle internationale de proliférer des armes et de la technologie nucléaire. Le second film, mettra en scène Bradley Cooper en chef cuisinier d’un restaurant parisien perdant sa place dans le guide Michelin. Pour réparer cela, il s’envolera jusqu’à Londres avec son équipe pour y ouvrir le meilleur restaurant de la ville. Et pour le petit dernier, l’actrice qui jouera au côté de Kit Harington , incarnera une jeune femme féministe rêvant de devenir écrivain mais qui deviendra infirmière lorsque l’Angleterre entre en guerre. Sans date de sortie pour l’instant, Alicia Vikander sera entourée de Michael Fassbender et de Rachel Weisz dans Une vie entre deux océans, réalisé par Derek Cianfrance (The Place Beyond the Pines, Blue Valentine).

La nouvelle est tombée il y a peu de temps, Alicia Vikander fera parti du prochain Jason BourneMatt Damon et Julia Stiles rempilent et Viggo Mortensen fera le grand méchant. Mais pour y participer, l’actrice aura du renoncer à Assassin’s Creed avec encore une fois Michael Fassbender et The Circle avec Tom Hanks où c’est finalement Emma Watson qui a été choisie pour la remplacer. C’est dire qu’à force de nombreux projets, il faut parfois choisir. Un vrai luxe. Et ce monde plein de paillettes n’a pas fini de lui ouvrir ses portes puisqu’un de ses films, The Danish Girl, où Eddie Reydmayne y incarne l’un des premiers transsexuels devenu femme,  s’immiscerai bien dans la course au Oscar. Ce n’est donc que le début..

Alicia Vikander dans le prochain Guy Ritchie « Agents très spéciaux – Code U.N.C.L.E »

L’Eveil d’Edoardo, plus qu’une fraîcheur estivale

C’est au bord des côtes italienne, sous un soleil radieux et derrière le bruit des vagues, qu’Edoardo va tenter de s’éveiller face à sa vie sentimentale et personnelle. Un peu chétif et complexé, l’été sera synonyme pour lui des premiers émois au côté de son ami Arturo, bien plus confiant quant à ses futurs conquêtes. Si tous les deux souhaitent avoir des rapports sexuels, Edoardo, adolescent sensible et intelligent, doit surtout faire face à sa phimosis qui l’empêche d’accomplir cet acte.

Traité avec finesse, ce sujet qui s’ajoute à l’histoire qui aurait pu rester banale donne une seconde dimension au passage à l’âge adulte et aux difficultés rencontrés. A l’heure des premiers émois, des nouvelles responsabilités, le film ne va pas dans les clichés et facilités de narration d’un teenage movie de base. Bien plus sérieux mais aussi doté d’humour, L’Eveil d’Edoardo capte par sa légèreté de ton et sa façon d’aborder ou de montrer des scènes un brin provoquantes de manière décomplexée.

Le réalisateur n’a en effet pas peur de choquer, mais use de délicatesse pour faire passer cela. En essayant de rendre compte de la réalité le plus fidèlement possible, l’aspect naturel et insouciant empêche de laisser place à la vulgarité. Provoquant, parfois, mais jamais choquant, la subtilité du film apporte une fraîcheur estivale intelligente et bien plus sérieuse que ce que l’on aurait pu penser. Abordant les multiples préoccupations d’Edoardo, le film jongle entre la douceur de la romance et la complexité d’un sujet plus osé, représentant un obstacle aux désirs du personnage. Le réalisateur Duccio Chiarini, qui réalise ici son premier long-métrage, s’est d’ailleurs inspiré de son propre vécu pour retranscrire le plus sincèrement les émotions des personnages. Les acteurs, pour la plupart amateur, occupent l’écran avec simplicité et sont tous très juste. Matteo Creatini, qui joue le héros et est présent dans la majorité des plans, transmet une véritable tendresse et réussi le défi de donner à son personnage autant d’innocence que de complexité qu’au film.

De Duccio Chiarini, avec Matteo Creatini, Franscesca Agostini, Nicola Nocchi,…2015, 1h26

En salle le 17 juin 2015

Critique en Partenariat avec Epicentre Films, distributeur du film.